Le mystère de Kanadehon Chûshingura,Répertoire du Kabuki -Introduction au Kabuki auprès du public français-

Auteur d’un livre: «Lentement à Edo: observation du Kabuki»(1999), il gère le site « Kabuki média » depuis 1999 et publie régulièrement ses critiques théâtrales.
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Cet article fut écrit en novembre 2009 pour la conférence donnée lors de la représentation de Kabuki dite « kao-mise-kougyou » i.e. représentation dans laquelle de nombreux acteurs renommés entrent en scènes.

Elle était destinée à l’AFJ (Association des Français du Japon) et à l’ALFI (Association des Lauréats du Futsuken Ikkyu, groupe des japonais qui ont réussi le niveau 1 de l’examen de connaissance de la langue française Futsuken, reconnu par le ministère de l’éducation japonais).

Pour aider à la compréhension sans frontière du Kabuki, un des spectacles représentatifs de l’art traditionnel japonais, nous avons préparé ce résumé-analyse.

 

 

 

 

Le mystère de Kanadehon Chûshingura,Répertoire du Kabuki

-Introduction au Kabuki auprès du public français-

 

 

« Table des matières »

1. Le code secret du titre Kanadehon Chûshingura

2. Les points d’orgue de la première partie

  de « Daijo »(Préface), « Acte 3 », « Acte 4 » et

  jusqu’à « Michi-yuki ».

3. La signification du trajet des personnages (Michi-yuki)

4. Quelques mots-clé du décor:

 Mawari-butai (scène tournante), Hiki-dôgu (dispositif tirant)

 

 

 

  1. Le code secret du titre Kanadehon Chûshingura

 

 Kanadehon Chûshingura se base sur l’histoire authentique des 47 Rônins (samouraï sans seigneur) de la région de Ako qui ont attaqué le clan de Kira et tué le seigneur Kira Kôzukenosuke pour venger leur maître Asano Takuminokami. Celui-ci fut contraint de se suicider pour avoir tiré le sabre dans le château d’Edo en mars 1702, l'an 14 de l’ère Genroku.

 

 Cette vengeance des Rônins fidèles à leur maître eut lieu en janvier 1703, l’an 15 de l’ère Genroku, et suscita par la suite de nombreuses pièces sur les ’47 Rônins fidèles de Ako’. La pièce Kanadehon Chûshingura fut créée en 1748, 47 ans après l’incident et s’inspira des 46 pièces écrites précédemment dont elle reprit l’intrigue et présenta la version définitive.       47 rônins, 47e pièce réalisée, 47 ans après…le nombre 47 se succède.

 Il est rare qu’une pièce du répertoire s’inspire ainsi directement de faits réels et que son titre devienne celui de l’incident: Chûshingura .

 

Comme la pièce contenait une critique directe contre le jugement porté par le gouvernement des Tokugawa (i.e. le Shogun Tsunayoshi), l’intrigue évite de faire référence aux clans Asano et Kira. Elle transpose les événements 400 ans en arrière, à l’époque de Nambokuchô et du Shogun Naoyoshi (qui est le petit frère du Shogun Tadayoshi, Takauji) dans la première moitié du 14ème siècle comme il est décrit dans la chronique du Taiheiki. Les noms de personnages sont changés comme suit : Asano Takuminokami devient Enya Hangan, Kira Kôzukenosuke devient Kôno Moronao, Oishi Kuranosuke devient Oboshi Yuranosuke, etc.)

 

  Le thème de Chûshingura mêle l’amour et l’argent, l’ambition et le désir dans le monde des puissants du 14ème siècle. Négligeant les mœurs et les références de cette époque, les auteurs adaptent librement l’histoire au goût du public populaire d’Edo. Celui-ci était friand de fictions fantaisistes où étaient insérées des histoires romanesques, de la satire du pouvoir présent et des intrigues à clé.

L’histoire se passe dans le monde des samouraï mais le genre s’adresse au public populaire de l’époque Edo. Cette histoire révisée reflète ses préoccupations. Cette double structure fait tout l’intérêt de la pièce.

 

 Par exemple, un message en code se cache dans le titre Kanadehon Chûshingura. Le terme “Kana” désigne les 47 caractères de l’alphabet japonais(I-ro-ha-ni-ho-he-to), et “kanadehon’ est le titre des manuels de calligraphie de l’époque. Et les 47 caractères évoquent l’affaire des 47 Rônins qui s’était déroulée 47 ans avant la création de la pièce.

On pourrait croire à un véritable code secret!

 Les vassaux de Ako se désignent comme les vassaux fidèles (chûshin) et incarnent le modèle (tehon) de la vertu et des valeurs des samouraï et de l’ensemble de la population de l’ère féodale.

 Comme on lit « Kana » en Kanji, cela signifie « nom provisoire », une raillerie se cache dans ce titre Kanadehon (le modèle des Kana) en désignant ainsi une histoire populaire et familière par opposition à l’histoire officielle« Seishi » (histoire authentique). Avant le spectacle, on frappe 47 coups avec des claquettes en bois (Ki). Le rideau s’écarte lentement de gauche à droite en 47 coups.

 

 Enfin, si on écrit les 47 caractères de Kana en les divisant par groupes de 7, on peut constater un rébus qui se cache dans les derniers caractères des sept lignes en les lisant verticalement.

 Ils signifient: «ils sont morts sans commettre de faute». Les 47 Rônins sont morts par fidélité à leur seigneur mais eux-mêmes n’ont commis aucune faute. Il y avait là une critique voilée à l’égard du Bakufu (shogounat). On notera que l’ordre des caractères Iroha-uta a été créé au milieu de l’époque Heian et n’a donc rien à voir avec l’époque de la pièce.

 

 Chûshingura évoque le personnage historique de Chûshin Kuranosuke qui servit de modèle au personnage de la pièce Oboshi Yuranosuke, mais il fait également référence à la fidélité (Chûshin) du groupe (Kura; qui veut dire l'entrepôt et, par extension, la multitude) des 47 Rônins fidèles à leur maître.

 

 

 

2. Les points d’orgue de la première partie

de « Daijo », «Acte 3 », « Acte 4 » et jusqu’à « Michi-yuki »

 

 Le spectacle en matinée ne présente pas l’intégralité de la pièce mais il contient des moments forts exclusifs.

La pièce commence par un spectacle de marionnette Yakunin Kaéna, où un pantin animé (Kôjô ningyô) vient présenter les différents personnages sur la scène. On ne réalise ce type de présentation que dans ce répertoire.

 

La cérémonie unique d’ouverture «Daijo»

 Immédiatement après l’ouverture du rideau a lieu une interprétation de musique Tennodate. Aux battements de tambours (7 coups, puis 5, puis 3) répondent des appels Tozai-Goé venant de derrière la scène (7 fois de gauche, puis 5 du milieu, et 3 de droite). D’abord immobiles sur la scène, les personnages commencent à s’animer lorsque le narrateur prononce leur nom et s’inclinent de façon mécanique et saccadée comme des marionnettes. Le Daijo constitue un moment spécifique au style Maruhon Kabuki, répertoires basés sur Ningyo-Jyoruri, théâtre de marionnette. Il mérite qu’on y prête attention.

Comme décor, un arbre ginkgo est installé sur la gauche de la scène alors que la pièce est censée se dérouler au début du printemps. Les feuilles de l’arbre sont jaunes comme à l’automne. Pourquoi?

C’est un mystère.

 

 Sans insister sur l’intrigue, on notera que les rapports entre les personnages sont symbolisés par des couleurs.  Incarnation du vice (avarice ou amour), le personnage antipathique de Moronao est vêtu de noir. Alors que dans le cas des personnages moins négatifs, Wakasanosuke est vêtu de bleu clair et Enya est habillé en jaune pâle.

 

L’histoire commence par l’affrontement entre Moronao et Wakasanosuke. Leur querelle est stoppée par le vassal Kakogawa Honzo qui réussit à apaiser Moronao par des présents (des commissions illicites) pour satisfaire  son avarice. Wakasanosuke échappe ainsi au désir de vengeance de Moronao.

 Par contre, lorsque Enya vient avec sa femme Kaoyo au château de Moronao, ce dernier fait des avances à Kaoyo qui refuse d'y donner suite. Dépité par le rejet de ses avances, Moronao se querelle avec Enya. C’est ainsi qu’a lieu la scène célèbre du sabre sorti de son fourreau dans la salle Matsunoma.(Acte 3) Il s'en suit l'autre scène célèbre du suicide rituel de Enya et la confiscation de ses biens.(Acte 4)

 

 Si, dans une deuxième transposition temporelle l’on transcrit l’histoire à notre époque, le PDG (Enya) est arrêté pour une affaire financière, son entreprise est mise en liquidation, et ses employés se retrouvent sans travail. On pourrait ainsi transposer la liste des personnages de la pièce dans l’organigramme d’une entreprise.

 

Cela donnerait la distribution suivante :

 

Enya : PDG de la filiale de l’entreprise

Moronao : Directeur général de l’entreprise-mère

Kaoyo : épouse du Enya, PDG de la filiale

Bannai : bras droit du PDG de l’entreprise-mère

Yuranosuke : vice-président de la filiale

Kampei : employé de la filiale

Okaru : amante de l’employé de la filiale (Kampei) qui devient ensuite son épouse et finalement hôtesse d’un bar fréquenté par le personnel de l’entreprise.

 

 Voici la version contemporaine de la description de chaque personnalité:

L’entreprise est mise en liquidation, fermée à cause des erreurs du PDG qui est devenu fou. Dans cette circonstance, les employés licenciés essaient de surmonter cette situation et de retrouver leurs raisons d’être sous la direction du vice-président. De ce point de vue, on peut voir dans ce répertoire Chûshingura une histoire très contemporaine, et sentir une vitalité éternelle en tant que pièce de théâtre.

Enya : Il paraît que le modèle du héros, Asano Takuminokami, avait un caractère psychique maladif car on ne peut pas vraiment comprendre la raison de sa conduite lors de l’incident de Matsunoma. Par contre, il est clair que la contre-attaque de Enya est due à l’insulte de Moronao.

Enya est quelqu’un d’impatient qui a commis un crime en ressentiment d'une humiliation. Il est venu assister à sa première réunion des PDG de filiales. Il y rencontre Moronao, Directeur général de l’entreprise-mère, et compte sur son aide. Dans le stress, il n’a pas pensé à lui apporter un cadeau mais surtout, son prédécesseur ne lui a pas indiqué cette coutume. Il est donc traité froidement par Moronao.

Moronao : Homme compétent en tant que Directeur général mais exerce sans relâche un harcèlement sexuel et un harcèlement moral sur ses employés. Il a fini par être blessé suite à la contre-attaque du PDG (Enya) qu’il avait insulté. Personne ne le plaint, mais plutôt le public se sent soulagé en disant « C’est bien fait »

 

Kaoyo : A cause de sa beauté, elle sera impliquée dans une affaire avec Moronao ce qui entrainera un homicide et la rendra épouse d'un criminel.

 

Bannai : flatteur de Moronao. Comme un petit Moronao, impudent, l’âne vêtu de la peau du lion mais avec de l'entregent.

 

Yuranosuke : Vice-président qui soutient le PDG en question,

homme compétent en gestion de situation de crise.

 

Kampei : jeune homme mélancolique mais néanmoins assez audacieux  pour donner un rendez-vous amoureux pendant le travail. Un type nul mais gentil avec les femmes.

 

Okaru : jolie secrétaire qui est minutieuse et attentionnée en toute situation. Elle est appréciée par tout le monde mais malheureusement elle ne sait pas discerner les hommes. Par conséquent, elle fréquente un homme tel que Kampei.

 

Le répertoire de Chûshingura comprends 11 actes mais les actes 2 et 10 se jouent rarement. Nous n'allons voir aujourd’hui que la première partie

jouée en matinée c'est à dire Daijo (tient lieu d'acte 1), acte 3, acte 4 et Michi-yuki.

La partie jouée en matinée présente seulement l’origine de l’événement en montrant les membres clés des Rônins de Ako.

 

 

Présentation de l’acteur principal de Daijo et de l’Acte 3:

 L’acteur de Moronao (Tôjûrô) est le héros de la première partie dont le thème est le désir (avarice et désir amoureux). L’interprétation de sa haine, son ridicule, sa finauderie, sa malignité requiert un esprit de grande envergure. La personnalité complexe de Moronao se révèle dans les scènes de harcèlements contre Kaoyo, Wakasanosuké et Enya. Dans cette partie se déroule le harcèlement du vieil homme Moronao sur ce jeune couple Enya-Kaoyo.

 

Cette fois-ci (la matinée du 9 novembre 2009) Enya et Wakasanosuké sont joués par Kanzaburo et Baigyoku, deux grandes vedettes du Kabuki. Wakasanosuké a le rôle de faire ressortir la tragédie de Enya dans l'acte 4. Cette préface (Daijo) est constituée entièrement des règles classiques du Kabuki et est basée sur la personnalité de l’acteur de Moronao. On peut facilement le remarquer avec l’interprétation excellente de Tôjûrô.

 

Acte 3  Shimmotsu-ba:  scène de corruption (première partie de l'acte 3)

  Le principal personnage de cette scène est Sagisaka Bannai. Dans son nom se cache une signification: « Sagi » signifie la fraude, et la prononciation de son nom «Bannai» ressemble à «zannai» qui veut dire: désagréable à voir.

  Donc Bannai reçoit le cadeau en tant que secrétaire de Moronao. Le petit Moronao, Bannai dérange lui-aussi  le «Michi-yuki» ou «trajet» du jeune couple Kampei et Okaru car il s’est toqué de Okaru. Ce jeu  sera représenté à la fin de cette matinée. Ce ménage à trois reprend celui de Moronao, Enya, et Kaoyo. Souvent une telle parodie de reprise apparaît dans les pièces de Kabuki. Donc dans cette acte, Bannai doit faire évoquer Moronao.

 

Acte 4  Hangan Seppuku no ba: scène Hara-kiri de Enya

 Le héros de l’Acte 4 est d’abord Enya Hangan jusqu’à son suicide rituel.

Le personnage de Yuranosuke arrive en retard dans cette scène et assiste aux  derniers moments de Enya. Il prend à ce moment ce rôle du héros. La parole de Rikiya, fils de Yuranosuke, exprime la tension de ce retard: «il n’est pas encore arrivé». Cela donne cette citation célèbre: «Osokarishi Yuranosuke» (tu arrives tard, Yuranosuke) qui est utilisée dans la vie quotidienne de nos jours.

Il faut surtout faire attention à la scène de la reddition du château de Ako lors du départ de Yuranosuke. La porte du château glisse en arrière en 3 coups par le moyen de Hiki-dôgu (dispositif tirant). C’est une technique excellente pour attirer l’attention du public sur l’acteur qui joue  Yuranosuké tout en montrant l’éloignement, la distance entre Yuranosuke et le château. Tandis que le shamisen joue la musique du départ, Yuranosuke s’en va par le Hanamichi (chemin de fleur).

Cette partie nous réjouit par le goût sobre mais raffiné du Kabuki.

 

 

 

3.  La signification de « trajet des personnages » (Michi-yuki)

 

 Michiyuki veut dire les déplacements. Cette petite scène montre le trajet du couple amoureux Kampei-Okaru.

 Kampei, vassal d’Enya, regrette son absence lors du drame de son seigneur. Ce regret  entraine un désespoir qui le pousse à se suicider. Par contre Okaru, servante de Kaoyo, vit ce trajet comme un voyage de noces.

Comment l'acteur Kikugorô jouera-t-il l’ennui de jeune homme? Et comment l'acteur Tokizô exprimera les charmes de jeune femme toute en joie?

 Michi-yuki est un Shosagoto (chorégraphie) qui sert d'intermède entre des scènes assez lourdes. Puisque la première partie contient plein de scènes lourdes et maussades comme harcèlement, suicide rituel, vengeance etc..., Michi-yuki permet d'alléger l'atmosphère dans le public. Le ménage triangulaire de Moronao, Enya et Kaoyo est repris et parodié par celui de Bannai, Kampei et Okaru. La présence d'un personnage comique dérangeant le couple est beaucoup appréciée par le public de Edo. De même, ce public ne se lasse jamais de voir la lutte mêlée de Hanayoten (soldats habillés en Kimono avec motif de fleurs) .

Cette partie est une variété de l’acte 3, scène de la porte de derrière. On l’ appelle également “Ochiudo, samouraï en fuite”.

La première partie se termine par cette scène.

 

 

4.  Quelques mots-clé:

Mawari-butai (scène tournante) et Hiki-dôgu (dispositif tirant)

 

La scène tournante est bien utile pour montrer le déroulement de l’action. La scène ne cesse de tourner: l'incident dans la Salle de pins (Matsunoma) au château de Tadayoshi, le suicide rituel de Enya à sa résidence, l'abandon du château… Cette pièce profite au maximum de la fonction de la scène tournante et utilise tous les charmes des autres dispositifs de décors.

 On retrouve donc la tombée du rideau de couleur asagui (bleu ciel) qui permet un éclairage particulier immédiat de la scène puis Hana-michi, le couloir de réalité virtuelle situé le long des sièges du public, ensuite Mawari-butai (scène tournante) effectuée à la scène du coup de sabre ainsi que l'abandon du château, et enfin Hiki-dogu (dispositif tirant) qui donne un effet de perspective et permet donc d'imaginer l’éloignement entre l’acteur et la porte du château.

 

 

 

Référence

Hana-michi: Chemin de fleurs

 Couloir de réalité virtuelle, écran du rêve, il se transforme en toute sorte de chemin (chaussée, allée d’accès au temple, digue, route), de saison (neige en recouvrant d’un tissu blanc), de rivière ou de mer (avec un tissu à motif d’ondes, ou de faire passer un bateau ), couloir de palais (avec un tissu vert pâle et le rideau au fond change également en Fusuma, porte coulissante), etc... Malheureusement on ne peut pas le voir entièrement de nos places du 3e étage.

 Les spectateurs à cet endroit peuvent contacter l’acteur en lui donnant un pourboire (Hana : fleur) d’où vient le nom de Hana-michi : Chemin de fleurs. Ou bien on dit que l’origine de ce couloir est le Hashigakari (le passage installé sur le théâtre No qui lie le monde actuel et l’autre monde. Le public de l'époque Edo donne beaucoup d'importance à ce qui se passe sur ce chemin. Le chemin où passent les vedettes. Le chemin où passent les lutteurs de Sumo s’appelle aussi Hana-michi. Pour répondre à l’attente des spectateurs, l'acteur soigne sa démarche sur Hana-michi car c'est le moment ou l'acteur est le plus proche du spectateur. Il fera attention à sa façon d’apparaître, de se retirer ou à ses poses théâtrales au cours de tout ce chemin.  C’est un lieu d'échanges entre le public et les acteurs.

Mawari-butaï: Scène tournante

 Inventée par Namiki Shôzô (1730-73), un écrivain de pièces Kabuki-Kyogen, il s'est inspiré de la toupie tournante. Utilisée pour la première fois en 1758 dans “Sanjikkoku-yofuné-no-hajimari” ce système tournant exprimait l’écoulement du temps ou les événements simultanés dans des lieux différents.

Namiki Shôzô a inventé le système de changement rapide des décors comme Mawaributai, Gandogaeshi et Hikidôgu.

Hikiwari-dogu: dispositif tirant qui permet au décor de se déplacer à l’aide de cordes.

Hiki-dôgu: dispositif tirant qui permet le changement de décors sans utiliser la scène tournante, changement sur place (Idokoro-gawari)

Gando-gaeshi: renversement de grands décors comme par exemple les toits de grande ampleur des temples, en tombant verticalement en arrière. En même temps apparait la plate-forme qui remonte et qui constitue donc le sol de la scène suivante. Cela permet un changement rapide de scène sans utiliser la scène tournante.

Seri : plate-forme amovible qui fait monter et descendre les acteurs ou les décors.

Dengaku-gaeshi: tourner une partie de mur découpé en carré pour faire entrer et sortir le personnage en un instant.

Kannon-biraki: murs ou digues s’ouvrant comme une fenêtre à deux battants d’où sortent les espions ou les fantômes.

 

A la scène du suicide rituel de Enya, deux Tatamis (tapis de paille) sont renversés et recouverts d’un drap blanc. Les quatre côtés des Tatamis sont décorés de Shikimi, arbre sacré. Lorsqu’on met le cadavre de Enya dans le Kago (chaise à porteurs) les vassaux, 40 en tout, l’entourent et le cachent à la vue du public avec un rideau rouge (ils ne sont pas vraiment tous sur scène, la plupart se cachent derrière le rideau à gauche). Le drap blanc sert ensuite de Keshimaku, rideau pour cacher les décors, et les tatamis sont enlevés rapidement. Le jeu des acteurs ainsi que les pratiques des dispositifs de décors sont très calculés.

 

Traduction:AWANO Miyuki
Bernard SOUROQUE

 

 

 

 

OHARA Yu
This page was created on 2010/09/22

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OHARA Yu

Journaliste et critique, né en 1947, il fut journaliste au bureau de rédaction de la section «faits divers» de la NHK et auteur de nombreux reportages pour le «Journal télévisé 7» . Il a pris sa retraite en 2008 pour se consacrer à la rédaction de livres et à ses activités free-lance. Il donne des conférences sur le Kabuki dans de nombreux théâtres y compris le Kabuki-za à Ginza, Tokyo. Il a commencé à donner des conférences pour les français en 2008. Auteur d’un livre: «Lentement à Edo: observation du Kabuki»(1999), il gère le site « Kabuki média » depuis 1999 et publie régulièrement ses critiques théâtrales. http://www.sanyokure.com/home/oharanew/

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